Comment devient-on chauffeur ? Huit histoires inspirantes…
Jeudi 14 décembre, Transportmedia se rend sur le parking Circle K de Waremme pour choyer les chauffeurs à l’occasion de la Journée du Routier. Dix chauffeurs ont la surprise de recevoir une photo d’eux-mêmes et de leur camion ainsi qu’un livre sur les 24 Heures de Francorchamps. La plupart des chauffeurs s’arrêtent à Waremme pour se reposer, faire le plein ou manger. Jean Mertens, pour sa part, y a passé la nuit dans son Iveco S-Way.

Nous arrivons un peu avant 8 h sur le parking et Jean Mertens nous attend déjà. Il a passé la nuit dans sa cabine. Jean transporte des marchandises pour Caterpillar et effectue principalement des trajets entre Cologne et Grimbergen. Deux fois par semaine, il dort dans son poids lourd. « Jean est un client fidèle, il passe régulièrement la nuit ici », raconte Céline Verryt de Circle K Waremme, qui a offert des viennoiseries et du chocolat aux chauffeurs.
Jean est né en mai 1952 et est officiellement à la retraite depuis plusieurs années. Pourtant, il continue à travailler, c’est plus fort que lui. « Je travaille encore facilement 278 h par mois », explique-t-il. « Après mon mariage en 1973, j’ai d’abord travaillé dans une entreprise de meubles à Malines. J’y ai obtenu mon permis de conduire en 1976. L’un de mes premiers camions était un Volvo F12. J’ai beaucoup roulé à l’international : Espagne, Portugal, Tchéquie, Danemark, Suède, Autriche et Suisse. Comme j’ai aussi travaillé près de 20 ans aux Pays-Bas, ce pays me verse une pension. Avec mes retraites belge et néerlandaise, je dispose déjà d’un revenu confortable. En continuant à travailler, je paie beaucoup d’impôts, mais j’aime toujours autant ce métier. »
Des familles de routiers
Ces dernières années, de plus en plus de chauffeurs étrangers sont employés sous contrat par des transporteurs belges. Nous avons rencontré certains d’entre eux à Waremme. Daniel Bejera, chauffeur indépendant, descend de son DAF XG 480 jaune. Il parcourt chaque jour entre 600 et 700 km pour Delhaize. Daniel est chauffeur depuis 12 ans et vient d’une famille de routiers. « Nous sommes 5 », explique-t-il. « Il n’y a qu’un seul de mes frères qui n’est pas chauffeur. Les autres font le même métier que moi. »
Daniel a travaillé en Espagne auparavant, où il était déjà actif dans la distribution. En tant qu’indépendant, il en est aujourd’hui à son 3e poids lourd. Les deux précédents étaient des MAN TGX qu’il a revendus après respectivement 650.000 et 950.000 km. Parmi les bons côtés de son métier, il y a quand il prend possession d’un nouveau camion bien équipé, comme ce DAF XG. Les aspects plus contraignants, en revanche, sont le manque de places de parking et de sanitaires. Les livraisons en ville sont également compliquées en raison des nombreuses interdictions de circuler.
René Lucza, quant à lui, est originaire de Slovaquie, mais travaille actuellement en Belgique. Il conduit un Volvo FH pour Galliker au départ de Liège. « Je transporte principalement en Belgique, mais parfois aussi aux Pays-Bas », explique René, chauffeur depuis 2008. « J’ai d’abord travaillé sur une péniche, mais mon père était routier. Il a été une source d’inspiration pour moi et j’ai marché sur ses traces. J’aime la liberté qu’offre ce métier, car je n’ai pas constamment un patron sur le dos. »
René est issu d’une véritable ‘famille de routiers’. « Non seulement mon père, mais aussi mon oncle et mon cousin sont chauffeurs. Mon père a commencé en 1986, à l’époque communiste. Il roulait souvent vers l’Est et restait généralement dans les pays du bloc de l’Est. » Pendant la semaine, René séjourne dans un hôtel de Galliker à Liège. « C’est une solution confortable et bien organisée. Parfois, je rentre chez moi en minibus pour voir ma famille, mais ce métier implique d’être souvent loin de chez soi. »
René apprécie particulièrement la liberté et la variété qu’offre la vie de chauffeur routier. « Même si je passe beaucoup de temps sur la route, ce mode de vie me permet aussi de réfléchir et de me détendre. Je ne troquerais cette liberté pour rien au monde. »
Anguelov Anatoli conduit un Ford F-Max pour AB InBev. « Je commence à 14 h », explique-t-il. « Et je travaille ensuite pendant 12 h. Mon père prend ensuite le relais et assure sa tournée. » Anguelov est chauffeur depuis 2005 et, lui aussi, vient d’une famille de routiers. « Presque tout le monde dans la famille conduit un camion ! »
Tous les chemins mènent au transport
Les chauffeurs belges que nous avons rencontrés nous ont raconté comment ils sont devenus routiers. Philip Van Weyenberg conduit un Mercedes Actros. « J’ai commencé à travailler chez Delhaize en 2003, dans un dépôt », raconte-t-il. « En 2010, je suis devenu chauffeur. J’ai toujours eu envie de quitter le dispatching pour devenir chauffeur. »
James Coopman, lui, est dessinateur industriel, mais a choisi de conduire un poids lourd. Cela fait déjà cinq ans qu’il exerce ce métier, après vingt ans passés dans la construction où il conduisait déjà un poids lourd et manipulait une grue à tour. « Être seul, profiter du calme… c’est ce que j’apprécie le plus. On peut organiser ses trajets comme on le souhaite et découvrir des endroits inattendus. Je pars vers 3 h du matin et travaille toute la journée. Aujourd’hui, j’étais à Vielsalm. Maintenant, je rentre à Roulers, mais d’abord, je passe par le truck-wash. » James rentre chez lui chaque soir et préfère livrer aux Pays-Bas, où il trouve les gens plus sympathiques et les routes plus agréables. Lui aussi a grandi dans une famille de routiers. « Mon père était chauffeur et m’emmenait avec lui quand j’étais enfant. »
Philip Michiels travaillait d’abord dans une carrosserie, mais prendre le volant d’un camion était son rêve d’enfant. « J’avais mon permis de conduire, et en cherchant un emplacement pour mon grand camping-car, je suis tombé sur Buyl Transport – aujourd’hui Xwift – qui cherchait justement des chauffeurs. »
Gitte Van den Ouweland transporte, avec son Scania R 500 (6×2), des bacs et des fûts pour la brasserie Duvel. Elle teste un 6×2 avec essieu pousseur. Gitte a aussi attrapé le virus du transport à la maison. « Mon père était routier, mais il est maintenant à la retraite », explique-t-elle. « C’est grâce au père d’un ami que je suis entrée dans le métier. J’ai obtenu mon permis il y a 7 ans via le VDAB. »
Gitte a commencé chez Tanktransport Peeters avec un Scania, puis a conduit un DAF CF chez Willy Naessens. Aujourd’hui, elle roule avec un Scania pour Doms Transport. Elle dort rarement dans son camion. « Je pars entre 4h et 6h du matin. Le plus souvent, je commence par aller chercher la semi-remorque à Puurs. Parfois, je pars directement de Sint-Katelijne-Waver. »
Gitte prend plaisir à conduire et apprécie le contact avec les clients. « Parfois, on me fait des compliments sur mon camion », dit-elle. « J’en prends soin et je participe même à des défilés, comme le truckshow Putte Lights On en mai. Si je pouvais changer une chose, ce serait que nos heures supplémentaires soient moins taxées, pour que nous en profitions davantage. »