DPD : des camionnettes électriques testées à Malines
Depuis septembre, un coursier de DPD livre des colis à Malines avec un Volkswagen e-Crafter totalement électrique. La société de livraison de colis souhaite, grâce à ce test, déterminer si une camionnette de ce type convient pour opérer en centre-ville et s’il peut générer un bon business model.
Plus de 80 % de la population mondiale vit en ville et d’aucuns prédisent encore une croissance de 46 % à l’horizon 2030. Parallèlement à la croissance de l’e-commerce, la demande de transport urbain est également en hausse chez nous. Par ailleurs, de plus en plus de villes bannissent les véhicules au diesel ouvrant ainsi la voie aux véhicules électriques pour les livraisons urbaines. A Malines – qui a transformé depuis peu tout son centre-ville en zone cycliste – la société de colis DPD procède depuis septembre à un test avec un VW e-Crafter totalement électrique.
DPD a lancé ce test à Malines parce que la société y est établie. Aujourd’hui, trois véhicules de DPD en moyenne livrent quotidiennement à Malines. Les premiers jours, l’e-Crafter roulait vers le centre-ville. Ensuite, la tournée a été déplacée vers la périphérie malinoise et les zones industrielles alentours.
162 stops par jour
L’e-Crafter livre chaque jour entre 100 et 179 paquets et effectuent jusqu’à 162 stops. C’est surtout ce grand nombre d’arrêts qui rend le véhicule électrique particulièrement adapté à ce travail car la batterie recharge chaque fois qu’il freine. Il n’émet évidemment aucun gaz d’échappement. Le kilométrage quotidien varie entre 20 et 78 km et l’autonomie restante après la tournée oscille entre 20 et 125 km.
Au début, le chauffeur devait s’habituer à la conduite électrique et cela se traduisait par une consommation élevée. Le premier jour, l’e-Crafter a consommé 0,47 kWh/km et même 0,67 kWh/km le lendemain. Le 3e jour, la consommation a baissé à 0,25 kWh/km pour varier les jours suivants entre 0,30 et 0,43 kWh/km. Ceci correspond aussi aux données de l’ordinateur de bord. Avec une consommation de 0,25 kWh/km, le kilométrage parcouru (20 km) correspond à la différence entre l’autonomie de départ (145) et celle en fin de tournée (125). Lorsque le véhicule a consommé ce pic de 0,67 kWh/km, il avait parcouru 24 km mais affichait une différence de 66 km entre l’autonomie de départ et celle de fin.
En octobre, pendant la 2e partie du test, c’était l’inverse : l’autonomie était supérieure au kilométrage parcouru : 85 km d’autonomie pour 78 km effectués et même 65 pour 54. Le chauffeur a donc clairement adapté son style de conduite et utilise l’énergie cinétique de l’e-Crafter lors des arrêts pour recharger les batteries.
Avec un maximum de 78 km parcourus par jour, l’autonomie de l’E-Crafter (176 km) est largement suffisante. Après la tournée, le chauffeur donne les clés à la réception et le matin, le véhicule est totalement rechargé via une borne AC d’Essent.
Volume de chargement
Le volume utile de 10 m3 constitue toutefois un problème. « C’est trop peu pour une zone urbaine », estime le sous-traitant. « En centre-ville, il me faut 13 m3 au moins. Nos autres véhicules affichent tous 14 m3 (Mercedes-Benz Sprinter L3H2). De ce fait, des colis restent chaque jour à quai. Au début, le chauffeur laissait toujours l’équivalent de 30 stops et sa tournée s’achevait vers 12h30. Ensuite, il a pris le maximum de stops et laissait par exemple deux gros clients avec chacun 15 paquets de manière à ce que la tournée s’achève vers 15 h pour une journée de travail de 9 heures. Les paquets restants sont emmenés par un autre chauffeur, un chauffeur supplémentaire qui ne roulerait pas si l’e-Crafter pouvait tout emmener. » Lors de la 2e partie du test, on constate une baisse du nombre de jours pendant lesquels tous les colis ne peuvent être emmenés.
Un problème se pose aussi au niveau du chargement. Les portes du véhicule de test ne s’ouvrent pas totalement contre la paroi de la camionnette (à 270°) mais seulement à 180°. « C’est embêtant lors du chargement », dit le chauffeur. « Car ceci nous oblige à laisser davantage d’espace entre la camionnette et le quai et parce que les portes dépassent d’autant l’arrière du véhicule. De ce fait, le chauffeur ne peut pas coller l’espace de chargement contre le quai et il reste donc un espace entre celui-ci et la camionnette. Des choses peuvent dès lors tomber dans cet espace. » Il existe cependant aussi un e-Crafter dont les portes s’ouvrent à 270° (jusque contre la paroi).
Pour le test, le VW e-Crafter est mis à disposition par Group Heremans. Après la période de test, DPD prendra les frais à sa charge pour que le sous-traitant puisse continuer à rouler avec le véhicule. Ce sont en effet les sous-traitants de DPD qui achètent les véhicules. S’ils veulent passer d’une camionnette diesel à un véhicule électrique, ils devront débourser davantage car le VW e-Crafter coûte environ le double. « C’est pourquoi nous devrons adapter notre modèle de contrat aux véhicules électriques », précise Silvio Mestdagh, CEO de DPD Belux. « Nous voulons payer nos sous-traitants correctement, car nous ne gagnerons rien si leur entreprise n’est pas rentable. »