Steve Van den Bosch (DHL Express) : « 100 % électrique en 2026 »
Evidemment, quand on fait partie d’un grand groupe qui réalise la majorité de ses livraisons de colis en interne, il est relativement plus facile de passer à 100 % de propulsion électrique. Il n’empêche que l’environnement est loin d’être la seule priorité de DHL Express en matière de gestion de flotte. C’est une des raisons pour lesquelles DHL Express a remporté le prix de Best Fleet Owner Van au Best of Van 2023.
Au sein de la galaxie DHL, DHL Express se charge des colis internationaux en express (les colis nationaux étant traités par DHL Parcel). En Belgique, l’activité se répartit sur neuf Service Centres, dont les deux plus récents (Anvers et Courcelles) sont prêts pour une flotte 100 % électrique. Nous avons rencontré le gestionnaire de flotte Steven Van den Bosch.
Van Management : Quel degré d’autonomie avez-vous au niveau de vos achats ?
Steven Van den Bosch : En collaboration avec notre organisation européenne, nous pouvons choisir nos véhicules dans un pool de marques et de modèles. C’est donc à nous d’implémenter les mesures qui permettent d’atteindre les objectifs de DHL Express, en fonction de la législation locale, de l’infrastructure, du type d’itinéraires et de la date de sortie des anciens véhicules.
33 % de la flotte déjà électrique
VM : DHL Express a des objectifs de décarbonation ambitieux…
S. Van den Bosch : Nous passerons à une flotte 100 % électrique en 2026. Nous en sommes déjà à 33 %, sur un total de 314 véhicules.
VM : Quels sont vos besoins réels en matière d’autonomie ?
S. Van den Bosch : Je ne prends pas le moindre risque à ce sujet. Pour l’instant, j’utilise les camionnettes électriques pour des trajets de 160 kilomètres. Je sais que l’autonomie du Ford e-Transit est supérieure, mais je veux toujours garder une marge de sécurité pour rassurer le chauffeur, été comme hiver. Et puis un chauffeur doit encore pouvoir aller chercher un colis pendant sa tournée de livraison sans stresser. En 11 mois, il n’y a eu que deux cas où un véhicule est rentré au dépôt avec 0 % d’autonomie. La bonne nouvelle, c’est qu’après quelques mois de suivi à la conduite économique, les chauffeurs gagnent pas mal d’autonomie supplémentaire.
VM : Fixez-vous aussi des objectifs ‘zéro CO2’ à vos sous-traitants ?
S. Van den Bosch : Oui, et nous sommes en train e voir comment, tout en restant parfaitement en ordre avec la législation, nous pouvons leur faire profiter de conditions intéressantes à l’achat de véhicules électriques.
VM : Comment vous assurez-vous que les dépôts disposent d’assez d’électricité pour recharger les véhicules ?
S. Van den Bosch : Nous déterminons les besoins et cet aspect est pris en charge par notre département Facility. Jusqu’à présent, seuls Anvers, Roeselare et Courcelles, nos trois dépôts le plus récents, sont prêts pour fonctionner à 100 % sans véhicules fossiles. Au train où vont les choses, on pourrait avoir quelques soucis en 2024 dans d’autres dépôts, mais tout cela se discute beaucoup avec Fluvius en Flandre et avec les propriétaires de nos bâtiments. Ensemble, nous regardons quels efforts il faut faire pour verdir notre flotte à 100 %. Je regarde aussi ce qui se passe aux Pays-Bas, où dans certaines provinces il n’y aura pas d’investissement supplémentaire dans la capacité du réseau de transport. C’est un sujet sur lequel plane toujours un certain mystère…
Un premier bilan positif
VM : Quel bilan tirez-vous de votre première année d’opérations avec des camionnettes électriques ?
S. Van den Bosch : Très positif en ce qui concerne les aspects opérationnels, je remarque que les livreurs ont rapidement adopté leur nouveau véhicule, nous avons moins de dégâts aux véhicules (il est vrai qu’ils sont équipés avec des caméras 360 degrés), mais il faut encore un peu chipoter pour obtenir des rapports de consommation corrects. C’est un point à améliorer.
VM : Et le TCO ?
S. Van den Bosch : Nous avons pris les véhicules en leasing opérationnel sur 72 mois au lieu de 60. Dans ces conditions-là, le TCO est similaire à celui d’une camionnette diesel… si l’on ne prend pas en compte le prix des bornes de recharge. Et nous en avons déjà 117…
VM : Gagnez-vous aussi sur les coûts d’entretien ?
S. Van den Bosch : pas tellement car nous avons décidé d’envoyer chaque véhicule deux fois par an au garage.
VM : Etes-vous intéressé dans le projet-pilote qui permet de rouler en permis B avec une camionnette électrique de 4.25 tonnes ?
S. Van den Bosch : Evidemment ! cela représente un vrai plus en termes de charge utile. Mais il y a trop de questions qui restent sans réponse : pourra-t-on rouler dans les rues interdites aux plus de 3.5 tonnes ? Doit-on payer la taxe kilométrique ? Et surtout : sera-t-on soumis aux heures de conduite et de repos via un tachygraphe et devra-t-on respecter une vitesse maxi de 90 km/h sur autoroute ? Je le dis tout net : pour nos chauffeurs, rester bloqué entre les camions c’est extrêmement dangereux. Je ne veux pas leur imposer ça. Si toutes les conditions étaient réunies, notre prochaine commande porterait certainement sur des versions 4,2 tonnes.
Et les cargobikes ?
VM : Et quel bilan tirez-vous de l’utilisation de 11 cargobikes à Anvers ?
S. Van den Bosch : très positif sur le plan de l’efficacité, du marketing et du retour des coursiers, mais il y a un problème avec l’entretien des vélos. Il n’y a pour l’instant pas assez de partenaires réellement performants. Et un cargobike, c’est sérieusement mis à l’épreuve… J’ajoute aussi que ce n’est pas bon marché.
VM : Et quelle sera l’étape suivante vers une livraison ‘zéro carbone’ ?
S. Van den Bosch : je crois à l’hydrogène d’ici cinq ans pour les poids lourds, puis pour les véhicules plus légers.
_
DHL Express en bref
* spécialité : livraison de colis internationaux express
* 9 sites en Belgique
* 70 % des colis livrés par la flotte DHL
* Flotte : 303 utilitaires légers (Ford, Mercedes-Benz, Volkswagen) + 11 cargobikes (à Anvers)
* Kilométrage moyen : 32.000 km/an
* Leasing opérationnel sur 60 (diesel) et 72 mois (électriques)