« Bernard Piette (Logistics in Wallonia) répond à toutes nos questions ! (TNT, Trilogiport…) »
Pourriez-vous nous donner un aperçu de votre CV ? Comment êtes-vous arrivé chez Logistics in Wallonia ?
Je suis directeur de Logistics in Wallonia depuis maintenant 8 ans. Après avoir fait des études de langues et de communication, j’ai fait une grande partie de mon parcours dans les Chambres de Commerce. J’ai d’abord travaillé pendant 10 ans à la Chambre de Commerce de Liège et puis j’ai décidé d’aller travailler pendant 4 ans et demi à la Chambre de Commerce de Maastricht aux Pays-Bas. J’y occupais des fonctions relatives à l’internationalisation des entreprises au sens large. J’avais donc déjà une affinité pour les problématiques liéés à la supply-chain. Lors du lancement de Logistics in Wallonia, j’ai simplement répondu à une annonce et voilà..
Quels sont les avantages de la Wallonie pour la logistique ?
Il y a les atouts classiques que tout le monde met en avant tels que la localisation, la disponibilité de terrains et de main d’œuvre et la présence d’infrastructures de premier plan ou encore la multimodalité. Tout cela est évidemment vrai mais je pense qu’il y a plus. Tout d’abord, avoir un plan régional de développement économique dont la logistique est un axe principal avec une convergence de plusieurs politiques publiques est un véritable atout ; je pense également que la convergence de ces atouts au travers d’une plate-forme telle que Logistics in Wallonia constitue également un autre atout ; nous rendons ainsi l’action visible tant pour les entreprises de la région que pour les entreprises étrangères qui peuvent intégrer un réseau actif et dynamique.
On parle beaucoup de l’aéroport de Liège et du Trilogiport ; toutes ces infrastructures sont à Liège, qu’en est-il des autres provinces Wallonnes ; Hainaut, Namur, Ardennes etc…
Trilogiport et Liege Airport sont les pointes de l’iceberg. Outre la présence d’infrastructures telles que Garocentre à La Louvière, le TCA à Athus ou Ardennes Logistique à Neufchateau, il faut surtout voir que les différentes provinces wallonnes ont récemment accueilli des entreprises étrangères significatives. À ce sujet, c’est d’ailleurs le Hainaut qui s’est taillé la part du lion ces dernières années avec Johnson & Johnson, Dow Corning, H&M ou, tout récemment, le nouveau centre de distribution de Colruyt à Ollignies.
En ce qui concerne le dossier Fedex / TNT, quels sont les risques pour l’aéroport de Liège ? Comment résister à la concurrence de Paris et Cologne pour le centre de tris, et quid de la compagnie aérienne de TNT en cas de rachat ?
Je ne connais pas le dossier par le détail et je suis donc mal à l’aise pour en parler en pleine connaissance de cause. Toutefois, en tant qu’observateur extérieur, il me semble que les synergies opérationnelles pourront être plus fortes et efficaces entre FedEx et TNT qu’elles n’auraient pu l’être entre TNT et UPS. FedEx est très fort aux USA et peu en Europe et c’est exactement l’inverse pour TNT. Certes FedEx est présent à Paris et Cologne mais une personne proche du dossier me faisait remarquer récemment que dans l’hypothèse d’une réduction forte de l’activité à Liège, il sera compliqué d’obtenir des slots supplémentaires pour faire atterrir plus d’avions. Par ailleurs, il semblerait que les possibilités d’extension tant à Cologne que Paris soient limitées voire nulles. Enfin, n’oublions pas la garantie offerte par la Région Wallonne que l’aéroport reste fonctionnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Pour la compagnie aérienne, il semble clair par contre qu’elle devra être revendue.
Logistics in Wallonia compte de plus en plus de membres, quels sont leurs avantages ? Avez-vous des exemples de networking ou lobbying ayant apporté de la valeur ajoutée ?
Effectivement, nous sommes passés en 8 ans de 170 à 300 membres. Tout d’abord, nous leur offrons un réseau en expansion et des opportunités de rencontres riches. Logistics in Wallonia organise une vingtaine d’événements qui accueille plus de 1.000 participants sur un an ; cela fait donc du monde. Ce réseau est donc à la disposition de nos membres pour identifier le partenaire dont ils ont besoin. Par ailleurs, le pôle est un initiateur d’innovations ; nous sommes donc là pour aider nos membres à identifier, à monter et à faire financer des projets d’innovation qui vont leur permettre de se différencier. Mais surtout, je vois le pôle comme un identificateur et un vulgarisateur de tendances. Qu’est-ce qui va changer dans notre secteur dans les années à venir ? Nos membres sont-ils préparés pour s’adapter à ces tendances ? Allons-nous disposer des compétences pour bénéficier de ces tendances au sein de nos entreprises ? Voilà les questions qui nous animent au quotidien.
Les pôles de compétitivité avait été critiqué par certaines presses sur la problématique de l’emploi, que pourriez-vous leur répondre aujourd’hui ?
Je répondrai qu’il faut faire la part des choses et bien savoir de quoi on parle. Les pôles wallons sont là pour avant tout doper l’innovation. Le but de l’innovation est de se différencier pour créer de la valeur ; la création de valeur est pour moi un préalable à la création d’emplois. N’oublions pas que nous parlons aussi de projets de recherche ; or, qui dit recherche dit risque et développement à long terme. Il est donc difficile voire impossible de lier directement des résultats de projets de recherche avec de la création d’emploi. Par contre, cela ne veut pas dire que la logistique ne crée pas d’emplois que du contraire. Nous avons à ce sujet lancé une étude identifiant plus de 2.000 offres d’emploi pour des fonctions logistiques en Wallonie et à Bruxelles. Nous sommes donc bien dans un secteur porteur.
Une question traditionnelle chez TL Hub, le transport, la logistique et la supply chain attire trop peu de jeunes ; que diriez-vous à ces jeunes pour les encourager à rejoindre notre secteur ?
Je leur dirai de ne pas se fier à des a priori sur le secteur et de s’informer par eux-mêmes. Ils se rendront compte que non seulement la supply chain permet de gérer des problématiques de plus en plus complexes mais que, surtout, elle se retrouve au centre de la stratégie des entreprises qui doivent se différencier de toutes les manières possibles. Ce sont des métiers variés, excitants et, dans certains secteurs, bien rémunérés contrairement à certaines idées reçues.
Quelle est l’actualité directe de Logistics in Wallonia ?
L’actualité la plus immédiate est notre assemblée générale qui se tiendra le 11 juin à Wierde près de Namur. Nous y présenterons notre rapport annuel et tenterons de tracer les enjeux de demain pour le logistique et la mobilité. Nous y procéderons également à la deuxième remise des awards « Lean and Green » pour la Wallonie. Ensuite, nous nous attellerons à la mise en œuvre de notre Plan « Mercator » notre nouvelle stratégie présentée lors du Salon Transport et Logistique à Liège fin avril. Cette stratégie inclut désormais la mobilité de personnes et trace l’action du pôle sur l’innovation, la mise en place d’un vrai business community, le développement du capital humain, l’internationalisation de nos acteurs et de leurs projets et la communication.
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